Sans faire se lancer dans une inutile biographie d'Agatha Christie il faut peut-être rappeler que La Mystérieuse affaire de Styles (The Mysterious Affair at Styles, en anglais, ne se plie pas au jeu de mots français), écrit en 1917 et paru en 1920, inaugure la carrière littéraire de la "Reine du crime". Il s'agit donc de la première enquête nécessitant l'intervention du dandy moustachu, Hercule Poirot.
« Quand on est embauché par une agence immobilière spécialisée dans la remise en état d'anciennes "scènes de crime", mieux vaut s'attendre au pire. »
Comme 50% des gens, je ne sais pas quel livre je vais acheter quand j'entre dans une librairie. Je slalome entre les tables réservées aux bestsellers et aux nouveautés, je fouine dans les rayons, je repère un roman dont j'ai entendu parler, etc. Il y a évidemment quelques valeurs sûres parmi les éditeurs et j'ai, comme tout un chacun, mes auteurs fétiches. Je ne dédaigne pas pour autant la prise de risques et parfois je me laisse influencer par la couverture (illustration, résumé ou commentaires en quatrième de couverture). Une photo un peu floue de la Venise du nord, un entrefilet alléchant du Figaro Magazine et le roman de Pieter Aspe, « le Simenon flamand, qui fait souffler un vent comique et iconoclaste au pays du roman policier. » est dans mon sac.
Deux travailleurs clandestins, une chinoise, un camion-citerne pour la vidange des fosses septiques, un dirigeant d'entreprise, un match de base-ball, un message secret,, un homme dans un jardin, un père mourant, un financier américain et sa jeune épouse, un policier, un détraqué irlandais, quelques mafieux, un chinois et ses hommes de main, des financiers. Voilà, tous les ingrédients qui forment le thriller de Colin Harrison. Une histoire compliquée en apparence...
1917, France, la première guerre mondiale s'enlise, c'est encore le temps des offensives et contres-offensives stériles. La chaire à canon se rebiffe, le soldat redevient Homme et les mutineries éclatent. Lors d'un assaut, un lieutenant français est tué. Rien de neuf et pourtant... C'est un mort franco-français: un soldat français a tué son officier.
Dans une interview accordée au New-York Times, Christopher Reich a confessé qu'il était fan de Robert Ludlum, Frederick Forsyth et John le Carré. Les ingrédients d'un bon roman d'espionnage, selon lui, sont: un héros sympathique (confronté à d'insurmontables obstacles mais possédant les qualités requises pour les surmonter), des histoires de trahison, et une bonne dose d'exotisme. L'écrivain américain use d'ailleurs consciencieusement de ces règles dans La loi des dupes. Pour le Washington Post il en abuserait même un peu trop.
En général, je n'aime pas beaucoup les polars historiques. La plupart du temps, l'auteur dispense quelques touches d'éléments historiques pour colorer sa toile de fond au profit de l'intrigue policière; ou, à l'inverse, l'enquête n'est qu'un prétexte qui lui permet de pimenter son roman. Par ailleurs, je me méfie des écrivains prolifiques comme Christian Jacq figurant régulièrement sur la liste des bestsellers. Pourtant, sans aller jusqu'à dire que je vais me ruer sur tous ses livres, je dois reconnaître que j'ai passé un agréable moment en sa compagnie.
Voici typiquement le type de thriller qui m'énerve prodigieusement mais que je ne lâche pas avant la fin. L'auteur use d'une recette, certes peu originale, mais éprouvée: chapitres courts qui s'achèvent avec l'apparition d'un nouvel indice, multiples rebondissements, vocabulaire simple et happy-end. Cela ne serait pas si grave s'il ne fallait en plus subir les poncifs de l'American way of life, les conventionnels questionnements sur le mariage et la famille... pourquoi les pauvres sont-ils si fainéants et les hommes si méchants ? Pour faire bonne mesure, les personnages principaux ne sont pas parfaits: Madame, ex-flic, est alcoolique (mais elle a des circonstances atténuantes) ; Monsieur, ex-super-profiler du FBI, n'est pas assez attentif aux états d'âme de son épouse (mais il se soigne).
Ce thriller est né d'une initiative originale puisqu'il le manuscrit a été sélectionné grâce au vote des internautes, dans le cadre du concours Thrillermania, organisé par les éditions Pocket et le site web evene.fr. Concernant son auteur, on ne saura pas grand chose si on se fie à la biographie insérer en première page du roman, en dehors du fait qu'Olivier Bocquet « vit dans la fiction » et qu'il ne faut pas croire tout ce qu'il dit. S'agit-il d'une pirouette pour s'affranchir de ce roman s'inspirant de faits divers "authentiques" survenus dans la bonne ville de Fontainebleau en décembre 2003? Le mystère est savamment entretenu, d'autant que, dans un premier temps, l'auteur se cache derrière un pseudonyme et refuse de dévoiler jusqu'à son visage.
J'ai lu sur différents blogs que les spécialistes rangeaient les romans de Gianrico Carofiglio dans la catégorie du "Legal Thriller" ou "Polar Juridique". Si on fait abstraction du terme technique, on peut donc le comparer à une sorte de Scott Turow, John Grisham ou William Lashner italien. En d'autres termes, le personnage principal n'est ni un flic, ni un chasseur de prime, ni même un détective professionnel ou amateur. Guido Guerrieri, son héros, est avocat au barreau de Bari, le fameux port des Pouilles. A ce titre, il défend Fabio Paolicelli, accusé de trafique de drogue. Bien-sûr son client prétend être innocent.