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Chaos sur Bruges - Pieter Aspe

Comme 50% des gens, je ne sais pas quel livre je vais acheter quand j'entre dans une librairie. Je slalome entre les tables réservées aux bestsellers et aux nouveautés, je fouine dans les rayons, je repère un roman dont j'ai entendu parler, etc. Il y a évidemment quelques valeurs sûres parmi les éditeurs et j'ai, comme tout un chacun, mes auteurs fétiches. Je ne dédaigne pas pour autant la prise de risques et parfois je me laisse influencer par la couverture (illustration, résumé ou commentaires en quatrième de couverture). Une photo un peu floue de la Venise du nord, un entrefilet alléchant du Figaro Magazine et le roman de Pieter Aspe, « le Simenon flamand, qui fait souffler un vent comique et iconoclaste au pays du roman policier. » est dans mon sac.

Le commissaire Van In, archétype de l'anti-héros alcoolique et dépressif, est une petite star en Belgique flamande. La série, qui a fait l'objet d'une adaptation pour la télévision, compte actuellement six volumes en français: Le Carré de la vengeance (2008), Chaos sur Bruges (2008), Les Masques de la nuit (2009), La Quatrième Forme de Satan (2009), Le Collectionneur d'armes (2009) et De sang royal (2010).
Un flic usé et désabusé, ce n'est certes pas très original mais comment pourrait-il en être autrement dans une profession dont le quotidien est aussi glauque. Même dans une ville aussi élégante que Bruges, on découvre des cadavres de touristes avinés aux pieds des monuments, des maisons-closes en centre-ville, des hommes d'affaires et des politiciens véreux derrière les façades respectables de la cité médiévale.
Pieter Van In, mène deux enquêtes de front. La première concerne le meurtre de Dietrich Fiedle, un allemand associé à Georges Vandekerckhove, l'un des plus importants Tour opérateur de la région. La seconde le conduit sur la piste d'un groupe de terroristes wallons, soupçonnés d'avoir fait sauter la statue du poète flamand Guido Gezelle. Le bourgmestre a reçu une lettre de menace et les conseillers municipaux se tirent dans les jambes. Pour mener à bien ces enquêtes délicates, le commissaire est aidé par son adjoint homosexuel Guido Versavel et par sa maîtresse, le substitut du procureur Hannelore Martens. En vérité, ils doivent agir en sous-marin car l'affaire Fiedle a été placée entre les mains du juge Creytens, dont la réputation est quelque peu entachée par le passé nazi de son père.
Les personnages sont attachants, l'intrigue tient la route, les dialogues sont plutôt piquants et les questions abordées (magouilles étatico-financières, terrorisme et réminiscences fascistes) sont de celles qui m'interpellent généralement. Je dois pourtant admettre que j'ai eu du mal à entrer dans le roman. Il faut préciser que Pieter Aspe est un écrivain de langue flamande est qu'on se mélange un peu dans le nom des personnages. Par ailleurs, le fonctionnement des institutions et du système judiciaire belge n'est pas toujours très clair pour un Français. Enfin, avec une économie de moyens qui rappelle effectivement un Georges Simenon, l'auteur créé une atmosphère assez sombre et, surtout, bien loin des clichés de cartes postales. J'ai également pensé au roman de Léo Lapointe, La Tour de Lille, qui aborde des thèmes identiques.

Titre: Chaos sur Bruges
Version originale: De Midasmoorden
Auteur: Pieter Aspe
Éditeur: Le Livre de Poche
Parution: mai 2010
Pages: 340

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