Titre: Dieu et nous seuls pouvons, les Très-Edifiants et Très-Inopinés mémoires des Pibrac de Bellerocaille. Huit générations d'exécuteurs Auteur: Michel Folco Editeur: Points Année: 2006 (Réédition) Pages: 309
"Dieu et nous seuls pouvons", premier et déjà truculent roman de Michel Folco, nous conte l'histoire d'une lignée de bourreaux: les Pibrac. Le lecteur assidu en croisera certains dans les romans suivants, "En avant comme avant" et "Même le mal se fait bien".
Le fondateur de la dynastie est Justinien Trouvé, né en 1663 et abandonné devant une abbaye aveyronnaise. Son nez a été arraché. Le bébé est confié jusqu'à sa majorité à la famille Coutouly. Son destin est alors tout tracé. Il deviendra moine.
Vingt ans plus tard, Justinien est arrêté pour brigandage et condamné à 20 ans de galère. Le jour de son départ, on doit exécuter le maître queux, Pierre Galine, coupable d'un horrible crime. Le seigneur de Bellerocaille est confronté à un petit problème d'intendance car aucun bourreau n'est disponible et les villageois refusent de mouiller leurs chemises en dépit de la forte prime qui leur est promise. L'enquiquineur local propose alors de confier la tâche à l'autre condamné, Justinien Trouvé. Entre la perspective d'une vie de paria ou de galère, notre « héros » n'hésite pas très longtemps. Malgré quelques tribulations grand-guignolesques dues à son manque d'expérience, Justinien arrive à bout de cette première mission. Dès lors, il sera Justinien Pibrac, exécuteur des hautes ?uvres de Bellerocaille et n'aura de cesse de perfectionner ses techniques. Sa devise, Dieu et nous seuls pouvons, se perpétuera grâce à ses descendants, jusqu'au début du 20ème siècle.
L'?uvre de Michel Folco fourmille de détails d'une drôlerie érudite sur le métier des Pibrac et le récit de leurs tribulations est servi avec la verve qui est coutumière à l'écrivain.
La première partie du roman a fait l'objet d'une adaptation cinématographique ("Le Bâtard de Dieu") par Christian Fechner.
A lire: "Le métier de bourreau, du moyen âge à aujourd'hui" de Jacques Delarue (Fayard, 1979, 439 pages), "L'exécution publique à Paris au XVIIIe siècle : Une histoire des rituels judiciaires" de Pascal Bastien (Champ Vallon, 2006, 272 pages) et "Carnets d'exécutions" d' Anatole Deibler, 1885-1939, (L'Archipel, 2004, 297 pages).