En 1858, Alexandre Dumas (1802-1870) accepte l'invitation du comte et de la comtesse Kouchelev-Bezborodko et s'embarque pour un long périple qui le conduit à Saint-Pétersbourg et à Moscou, puis à Bakou, à Tiflis (Tbilissi) et à Trébizone (Trabzon).
L'auteur des Trois Mousquetaires prévoit, par ailleurs, de fournir des comptes-rendus de ses voyages au Monte-Cristo, un journal hebdomadaire qu'il a fondé en 1857 et dont il est le rédacteur. De ce voyage, il rapporte également deux livres qui paraissent en 1859 : De Paris à Astrakan (Voyage en Russie) et Le Caucase (Voyage au Caucase).
« Arrivés à son point culminant, nous revîmes la Caspienne ; entre nous et la mer – que l'on ne voyait, au reste, qu'à une certaine distance de la côte – gisait Bakou, perdu dans un pli de terrain. Mais bientôt la ville nous apparut comme une surprise : nous avions l'air de descendre du ciel.
Au premier aspect, il y a deux Bakou :
Le Bakou blanc, et le Bakou noir.
Le Bakou blanc est un faubourg qui s'est bâti presque entièrement depuis que Bakou appartient aux Russes.
Le Bakou noir est le vieux Bakou, la ville persane, la cité des khans, entourée de murailles moins belles, moins pittoresques que celles de Derbend, et cependant pleines de caractère.
Bien entendu que toutes ces murailles sont faites contre les armes blanches, et non contre l'artillerie.
Au milieu de la ville, enfermée par ses murailles, à leur teinte encore plus foncée que celle des autres maisons, on distingue le palais des khans, le minaret en ruine de la vieille mosquée, et la tour de la Demoiselle, qui baigne son pied dans la mer.
Une légende se rattache à cette tour, et lui a donné le nom, singulier pour une construction de cette taille et de cette ampleur, de tour de la Demoiselle. (…)
Bakou, dont les principaux monuments ont été bâtis par Abbas II, fut, de tout temps, un lieu saint pour les Guèbres. Khanat indépendant d'abord, il devint vassal de la Perse, qui le céda en 1723 à la Russie, se le fit rendre en 1735, et le perdit définitivement à la trahison de son dernier khan.
Le sarcophage du général Titianof s'élève sur la pente d'une colline, au milieu de l'espace vide qui s'étend entre la ville et le faubourg. Il a été bâti à la place même où le général a été assassiné.
Le corps est à Tiflis.
L'entrée de Bakou est celle des citadelles les plus fortes du Moyen Age. On ne traverse trois enceintes de murailles successives que par des portes tellement étroites, que l'on est obligé de dételer les chevaux de droite et de gauche des troïkas, et de les atteler en arbalète pour faire passer les voitures. La porte du Nord franchie, on se trouve sur une place où l'architecture des maisons accuse à l'instant même la présence des Européens.
L'église chrétienne s'élève à droite de la place. »
Alexandre Dumas, Le Caucase (ou Voyage au Caucase), Chapitre XXII: Bakou, 1859.
Visites guidées:
Le Caucase d'Alexandre Dumas sur Dumaspère.com
Impressions de voyage. Tome3: Le Caucase par Alexandre Dumas sur Gallica
Impressions de voyage. Tome1: En Russie par Alexandre Dumas sur Gallica
Le Monte-Cristo : journal hebdomadaire de romans, d'histoire, de voyages et de poésie sur Gallica
Les journaux d'Alexandre Dumas sur le site de de l’ENS-LSH
Oeuvres d'Alexandre Dumas en pdf sur le site Alexandre Dumas et compagnie
Alexandre Dumas, suites, plagiats, pastiches et hommages sur pastichesdumas.com
Le blog de la Société des Amis d'Alexandre Dumas
Le site web Alexandre Dumas père
Images:
Alexandre Dumas père en costume russe, 1859. Gustave Le Gray (1820-1884)
Abcheron. Palais du khan de Bakou en 1847 par Grigori Gagarine (1810-1893)