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Lord Byron : Le visage du vampire

Sur le thème du vampire, il semblait évident d'incorporer dans notre Citathon les poèmes de Charles Baudelaire. On pense également au sulfureux Lord Byron (1788-1824), qui inspire à son médecin personnel, John Polidori (1795-1821), sa nouvelle Le Vampire, parue en 1819. La ressemblance entre le séduisant personnage de Lord Ruthven et le poète anglais est si frappante que l'œuvre lui est d'abord attribuée. Lord Byron reste néanmoins l'auteur des premiers textes sur les vampires, parmi lesquels sont fameux poème intitulé Le Giaour.

Les vampires de Byron n'ont pas encore le visage romantique que lui donnent John Polidori ou Bram Stoker (1847-1912). S'inspirant des contes et légendes qu'il a collecté en Grèce, le poète les décrit comme des créatures monstrueuses, ressemblant davantage à des zombis qu'à l'aristocratique Dracula ou le trop lisse Robert Pattinson dans Twilight. Son Giaour (un terme turc qui désigne un infidèle ou un non croyant) est maudit par son ennemi et condamné à devenir un vampire dont les proies sont ses propres descendants.


Frémis ! Nouveau vampire envoyé sur la terre,
En vain, lorsque la mort fermera ta paupière,
A pourrir dans la tombe on t'aura condamné,
Tu quitteras la nuit cet asile étonné.
Alors, pour ranimer ton cadavre livide,
C'est du sang des vivants que ta bouche est avide ;
Souvent, d'un pas furtif, à l'heure de minuit,
Vers ton ancien manoir tu retournes sans bruit :
Du logis à ta main déjà cède la grille,
Et tu viens t'abreuver du sang de ta famille,
L'enfer même, à goûter de cet horrible mets,
Malgrès sa répugnance oblige ton palais.
Tes victimes sauront à leur heure dernière
Qu'elles ont pour bourreau leur époux ou leur père !
Et, pleurant une vie éteinte avant le temps,
Maudiront à jamais l'auteur de leurs tourments :
Mais non, l'une plus douce, et plus jeune et plus belle,
De l'amour filial le plus parfait modèle,
Celle de tes enfants que tu chéris le mieux ;
Quand tu t'abreuveras de son sang précieux,
Reconnaîtra son père au sein de l'agonie,
Et des plus tendres noms paiera sa barbarie.
Cruel comme est ton coeur, ces noms l'attendriront ;
Une sueur de sang coulera de ton front ;
Mais tu voudras en vain sauver cette victime,
Elle t'es réservée, ainsi le veut ton crime !
Désséchée en sa fleur, par un funeste accord,
Elle te dut sa survie et te devra sa mort !
Mais du sang des vivants cessant de te repaître,
Dès que sur l'horizon le jour est prêt à naître,
Grinçant des dents, l'oeil fixe, en proie à mille maux,
Tu cherches un asile au milieu des tombeaux :
Là, tu te veux du moins joindre aux autres vampires,
Comme toi condamnés à d'éternels martyrs :
Mais ils fuiront un spectre aussi contagieux,
Qui, tout cruels qu'ils sont, l'est mille fois plus qu'eux.


The Giaour, A Fragment of a Turkish Tale, 1813


Aujourd'hui encore, Lord Byron ne cesse d'inspirer écrivains et cinéastes. Parmi les œuvres littéraires, on peut citer : La Diététique de lord Byron de Gabriel Matzneff, La villa des mystères de Federico Andahazi, La Bravoure d'Emmanuel Carrère, Imposture de Benjamin Markovits ou The Vampyre de Tom Holland.




Bibliographie sélective
Le pèlerinage du chevalier Harold [Childe Harold's Pilgrimage,1812-1818]
Manfred [1817]
Don Juan [1819-1824]
Caïn [1821]

Références
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