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Baromètre du livre

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Célébrer les relectures d'été

Cafeduweb s'apprête à fêter le premier anniversaire de sa cinquième version et nous avons décidé d'en profiter pour dépoussiérer un peu le comptoir Livres. La période s'y prête d'ailleurs assez bien puisque les nouvelles parutions sont bloquées jusqu'à la déferlante de la rentrée littéraire. Or, c'est maintenant que la plupart d'entre nous disposent enfin de temps pour lire. C'est le fameux paradoxe français !

La lecture intelligente est morte, vive le livre-objet !

Qu'une poignée de journalistes rabats-joies déclarent l'arrêt de mort des têtes pensantes du genre romanesque ne semble guère émouvoir les éditeurs. Il faut dire que ceux-ci ont de quoi riposter. Les livres sont creux ? Qu'à cela ne tienne, il suffit de leur offrir de magnifiques écrins et créer des produits dérivés pour augmenter leur valeur ajoutée. Le roman est devenu un genre "pièce de musée" ? Il faut miser sur le concept du livre objet d'art et capitaliser sur les éditions limitées.

Le Prix des meilleurs Prix littéraires

Fin juin, la saison des prix littéraires s'achève en fanfare puisqu'on a consacré les auteurs qui l'étaient déjà (Patrick Modiano, David Grossman, Amin Maalouf...) Début septembre, on prend les même et on recommence avec les habitués de la rentrée littéraire (Amélie Nothomb, Frédéric Beigbeder...): réunions entre amis, échanges de bons procédés, élections de "Galligrasseuil" ou "Gallisset", congratulations et cocktails pots de vin. Entre les deux, on peut se détendre en lisant Mes Prix littéraires de Thomas Bernhard ou consulter Slushpile Hell, le blog d'un agent littéraire anonyme qui publie les auto-promotions des candidats aux lauriers.

Chick lit de crise : Sexe, shopping et plan épargne

Puisque les chroniqueurs littéraires prétendent qu'il est impossible de dégoter un bon roman en cette période de récession, je recommande de se pencher sur les pages culturelles de la presse économique. Outre les prescriptions estivales destinées aux riches hommes d'affaires publiées dans le Wall Street Journal, on y trouve de précieux conseils de lectures pour leurs épouses. Le magazine Forbes nous explique comment les amatrices de Chick lit peuvent mettre à profit leurs séances de bronzage sur les plages privées grâce aux conseils financiers distillés par leurs romancières favorites.

Après la mort de la littérature française, l'hécatombe mondiale ?

Tout le monde se souvient du vent de fureur qui a secoué le monde littéraire français en 2007, quand que le journaliste américain Donald Morrison a décrété « the Death of French culture », à la Une de l'édition européenne du Time. Les prémices du sinistre s'étaient pourtant déjà fait sentir en 2002 avec le pamphlet de Pierre Jourde, dénonçant la littérature sans estomac. Il est vrai qu'il est moins grave de se zigouiller entre soi (mais c'est une autre histoire). En juin dernier, après la publication de la fameuse liste des « 20 under 40 » (20 meilleurs romanciers de moins de 40 ans) du New-Yorker, le journaliste américain, Lee Siegel a déclenché un nouveau séisme en annonçant dans le New York Observer que le roman est un genre moribond.

Edition participative et (télé) réalité éditoriale

L'internaute est un animal qui aime s'investir, si ce n'est pour autrui, au moins dans des entreprises collectives. Le bibliophile aime, non pas échanger ses impressions de lecture, mais les communiquer à ses pairs. Les éditeurs, quant à eux, ont bien compris l'intérêt du cyber-espace. Dans ce domaine, au moins, ils font preuve d'une certaine créativité.

Le club de lecture des milliardaires

Le black-out estival de l'édition (les publications sont repoussées à la rentrée, événement majeur qui précède la course aux prix littéraires), est l'occasion de revenir sur les impasses littéraires de l'année écoulée: les bestsellers dont on a parlé dans les dîners en ville et les grands classiques qu'un lecteur émérite est censé avoir digérés. Éditeurs, libraires, bibliothécaires et journalistes prescrivent une liste d'ouvrages exotiques et distrayants pour s'évader loin des tracasseries quotidiennes et des dures réalités du désordre mondial. Lire et Le Magazine Littéraire publient leur traditionnel dossier Polars; Le Monde, ses petites perles inédites. Cette année, crise financière oblige, il se peut que votre banquier vous suggère aussi quelques devoirs de vacances.

Maman, les petits livres...

C'est une banalité de dire que dans nos sociétés il importe d'être toujours le premier en tout. Le monde littéraire n'échappant pas à la règle, les éditeurs, les libraires et les journalistes commandent des tas d'études statistiques et établissent continuellement des classements. Il s'agit de savoir qui vend le plus de livres et combien temps l'heureux gagnant se maintient en tête de liste. Ainsi, il en vendra encore plus. La littérature de jeunesse est également soumise à la dictature du bestseller. Parallèlement, les éditeurs ont inventé un nouveau concept : la littérature "crossover" (littéralement mélange, croisement), des romans s'adressant à la fois aux enfants et aux adultes.

On prévoit un été sombre et polaire

Le 6 mars dernier, Telerama a publié les résultats d'une étude frôlant le scoop: « le crime paie enfin ». Cela signifie que les éditeurs s'apprêtent à lancer, comme chaque année, une audacieuse campagne printanière en faveur du roman policier. En juin, les revues littéraires publieront des dossiers présentant un panorama des incontournables et des "nouvelles tendances". Le concept du NPN (Nouveau Polar Nihiliste) qui avait tant ému l'an dernier restera au placard, mais les éditeurs continueront de surfer sur la vague Millénium. Les policiers suédois se verront donc attribuer une place de choix sur les serviettes de plage... et on trouvera sans doute encore quelques Dan Brown à l'ombre des parasols.

Vampires, loups-garous, zombies... pastiches, parodies et bluettes

Réveillées par les rêves d'éternité de notre société individualiste, les créatures démoniaques envahissent librairies et salles obscures avec plus ou moins de talents. Enfin, certaines n'ont plus grand chose à voir avec les terrifiants Dracula ou Frankenstein. Finis aussi les vampires bisexuels d'Anne Rice et les psychopathes de Poppy Z. Brite. Du coup, plus besoin d'un intello comme Van Helsing ou d'un costaud comme Blade pour se débarrasser des démons. Les nunuches qui font les grandes heures de la Bit-Lit (Bit pour mordant et Lit pour littérature), pourvois amplement à la domestication des êtres surnaturels.