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Chick lit de crise : Sexe, shopping et plan épargne

Puisque les chroniqueurs littéraires prétendent qu'il est impossible de dégoter un bon roman en cette période de récession, je recommande de se pencher sur les pages culturelles de la presse économique. Outre les prescriptions estivales destinées aux riches hommes d'affaires publiées dans le Wall Street Journal, on y trouve de précieux conseils de lectures pour leurs épouses. Le magazine Forbes nous explique comment les amatrices de Chick lit peuvent mettre à profit leurs séances de bronzage sur les plages privées grâce aux conseils financiers distillés par leurs romancières favorites.

En effet, les temps sont durs pour tout le monde, et plus encore pour les fashion victims chassant l'homme idéal dans les beaux quartiers de Manhattan. Tandis que les uns subissent le contre-coup des rigueurs budgétaires, les autres se voient reprocher leurs frivoles existences. Faut-il abandonner ses lectures favorites et fuir les ostentatoires boutiques de la 5ème avenue et pour échapper aux remarques acerbes de chômeurs mal vêtus ? Est-il indécent de sortir de son sac Vuitton un roman au titre aussi évocateur que Sexe, diamants et plus si affinités (Lauren Weisberger), Confessions d'une accro du shopping (Sophie Kinsella), Chic et choc à New York (Carrie Karasyov et Jill Kargman), Cocktails, rumeurs et potins (Marisa Mackle) ou Amour, Botox et Trahison (Chloë Miller)?
Pas de panique, on peut encore se réfugier dans des oasis de luxe comme Abu Dhabi et, à l'instar des héroïnes de Sex and the city, se gorger de champagne en évoquant ses dernières déconvenues amoureuses. A. O. Scott peut bien écrire dans le New-York Times que ça sent le souffre ou l'encens, le marché n'est pas près de s'effondrer. Cet été marquera, en effet, l'émergence d'un nouveau genre: la Chick-lit financière. Ces dames vont désormais pouvoir suivre les fascinantes aventures de célibatantes trentenaires, défendant vaillamment leur pouvoir d'achat.

On peut citer la parution d'une série d'autobiographies édifiantes, comme les Mémoires d'Avis Cardella (intitulées Spent), une rescapée de la sur-consommation ou de Nancy Trejos (Hot Broke Messes), journaliste financière du Washington Post, qui nous raconte comment elle a brillamment épongé ses dettes de shopping en appelant ses parents à la rescousse. Dans SHOO, Jimmy Choo: The Modern Girl's Guide to Spending Less and Saving More, Catey Hill nous fait bénéficier à son tour de son expérience de "Fashionista reformatée". Grâce à ses astucieuses recettes, vous apprendrez à économiser vos ressources... pour mieux les dépenser plus tard. Alexandra Lebenthal, devenue co-présidente de la société d'investissement de papa en 2002, s'est fendu d'un Recessionistas (le terme est inspiré d'un article du New-York Times pour désigner les post-fashion victims ), un ouvrage dédié aux pasionarias des soldes, de l'épargne et de la réussite économique. L'intrépide Robert Rave, quant à lui, n'est pas à son coup d'essai. Abandonnant pour un temps la jungle des VIP (Spin), il nous conduit cette fois au cœur d'un salon de beauté de l'Upper East Side où un trio de femmes luttent pour la survie de leur petite entreprise (Waxed). Pour finir, on peut encore mentionner le livre de Susan L. Hirshman (Does This Make My Assets Look Fat? A Woman's Guide to Finding Financial Empowerment and Success), consultante de la banque JP Morgan (on ne sait pas si c'est elle qui a établi la fameuse liste de lectures estivales de ses milliardaires de clients) qui promet de nous apporter pouvoir et succès financiers.

Si on en croit Michael Silverstein, manager du Boston Consulting group et co-auteur de Women Want More (Les femmes veulent plus), la Chick-Lit financière n'est pas un concept nouveau: le temps, l'argent et le romantisme, dit-il, sont des thèmes récurrents de la littérature féminine. Il est vrai que les belles orphelines de Barbara Cartland tombaient rarement amoureuses du premier chômeur se présentant à la porte du bureau. Les temps changent néanmoins, puisque dorénavant les midinettes, qui font les grandes heures de la Bit-lit, peuvent s'amouracher d'un troublant immortel. Les vampires, de nos jours, sont plus séduisants et surtout conservent une jeunesse éternelle... contrairement aux héros de la Lad-lit (le pendant de la Chick-lit pour les hommes), obligés de se faire botoxer et d'entretenir leur virilité dans les salles de sports... efforts louables mais vains, puisque les femmes préfèrent désormais caresser leurs cartes bancaires et regarder des blondes new-yorkaises s'envoyer en l'air sur petits et grands écrans. Après cette révolution sexuelle virtuelle, on doute un peu que la prochaine étape consiste à se muscler le cerveau.

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