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Dieu bénisse l'Amérique - Mark SaFranko

Après avoir lu "Confessions d'un loser" second volet paru et dernier dans l'ordre chronologique de la vie de Max Zajack, c'est le premier dans l'ordre chronologique qui m'est tombé entre les mains, "Dieu bénisse l'Amérique" (et le troisième a être paru en France)

Résumé

Dans ce roman plus ou moins autobiographique, mais plutôt plus que moins, on retrouve Max Zajack l'alter Ego de l'auteur Mark SaFranko pendant son l'enfance et son adolescence dans les années 50-60. Et quelle enfance, celle d'un gamin né à Trenton (New Jersey), issu d'immigré polonais - les grands-parents, paysans polonais, fuyant le bolchevisme -, vivant entre un père violent ou absent, une mère à moitié folle voguant entre hystérie et mutisme, le tout dans la misère ; né du mauvais côté du rêve américain. Enfant premier né, non désiré et qui devient le punching-ball à disposition de parents désillusionnés et ratés.

Les premières années de Max ressemble s'apparente plus à un chemin de croix qu'à une vie de rêve. Et ce n'est pas son physique qui l'a aidé, gringalet, souvent malade, ou blessé et donc avec les frais médicaux qui s'ensuivent quand il est tellement mal qu'il n'y a pas d'autre solution que d'appeler le médecin. Il est très vite victime de la violence parentale, sa mère allant même jusqu'à le battre avec une batte de baseball ! Le manque d'argent, les échecs à répétition du père, la scoumoune quand ils achètent une maison où les réparations succèdent aux réparations, à l'unique voiture neuve qui explose au bout de quelques semaines sans espoir de compensation alors que le prêt monstrueux grevant leur maigre budget continue à courir. Le tout entraînant frustration, rancoeur et amertume aggravées par la fierté atavique du tempérament polonais et la tendance à la picole

Si à la maison l'ambiance n'est pas à la joie, en dehors ce n'est pas mieux. Les "camarades" ne sont pas mal non plus, ainsi les "forts" du scoutisme qui le maintiennent sous leur coupe, lui imposant le silence quand ils provoqueront la mort d'un autre gamin encore plus victime. Et à l'école ce n'est pas mieux, les enseignants de l'institution école catholique semblent tous être aussi barge les uns que les autres, sans oublier l'évêque qui se masturbe en écoutant les confessions, pas étonnant que très vite Max ne pense qu'au sexe, idée fixe qui le poursuivra longtemps cf. "Les confessions d'un loser".

Saisissant

Encore un roman âpre et saisissant, avec une sacré galerie de portraits et une fois de plus on retrouve la veine de Bukowski, ou un autre roman dont je vous parlerai bientôt, "Le nid de serpent" de Pedro Juan Gutiérrez. Une écriture à vif qui ne laisse pas indifférent et qui embarque le lecteur dans un univers à la fois terrifiant et fascinant avec une lucidité cynique et un humour ravageur. "Dieu bénisse l'Amérique" nous plonge dans un microcosme social délétère - un quartier pauvre du centre de la ville manufacturière de Trenton, capitale de l'État du New Jersey - , dans une réalité sordide, des tranches de vie bien saignantes et dans une enfance apocalyptique. Dans cet état des lieux sans concession de la société américaine Mark SaFranko pulvérise les dogmes du rêve américain.

Le plus étonnant est que Max Zajack, malgré qu'il n'ait même pas eu de lot de consolation à la loterie de la vie, ait réussir à survivre dans cet enfer ; un miraculé d'une enfance ravagée. Il faut noter que le livre est agrémenté de quelques photos personnelles de l'auteur enfant et notamment celle ci-dessous dédié à John son petit frère.


"À John, qui a vécu ça lui aussi."


Voilà un récit que j'ai beaucoup apprécié, plus encore que "Confessions d'un loser", et à découvrir sans hésiter si l'on a pas trop peur des mots et du langage crus. Un livre qui se lit comme si on boit du petit lait, dans lequel on est pris par le rythme haletant des phrases. En France ce roman est paru chez 13ème note, une édition très noire et captivante qui est elle aussi à découvrir.


Interview



Interview de Mark SaFranko à l'occasion de la sortie de "Dieux Bénisse l'Amérique"


Tekiro


Références
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