Contrairement à ce qu'on pourrait penser en ouvrant cette bande dessinée, l'anthropomorphisme des personnages (les Juifs sont représentés par des souris, les Allemands par des chats, les Polonais par de cochons, les Français par des grenouilles...) n'atténue en rien le caractère dramatique du récit.
Cette dimension est d'autant mieux rendue que l'aspect très sombre du graphisme - tout en noir et blanc - est accentué par la finesse du trait et les hachurés.
Lorsque le récit le nécessitait, Art Spiegelman a réalisé des cartes et des croquis très précis, tel un plan du camp d'Auschwitz, par exemple. Ailleurs, on trouve un extrait du comics qu'Art Spiegelman a publié pour exorciser le suicide de sa mère en 1968 (cf Tome 1) ; plus loin, une photo de son père en uniforme de déporté... un vrai travail de journaliste - bien documenté et le plus impartial possible - mais non dénoué de sentiments.
Peut-on sortir complètement indemne de la lecture d 'une telle oeuvre ? Je ne crois pas. L'auteur lui-même avoue n'avoir pas toujours bien vécu son succès, ni les rôles dont a voulu l'investir ensuite.
Maus : un survivant raconte. 2, Et c'est là que mes ennuis ont commencé de Art Spiegelman, Flammarion, 135 pages