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Bibliophilie: la passion... du placement

Le 7 décembre dernier, un ouvrage de John James Audubon (1785-1851), Les oiseaux d'Amérique, a été adjugé à 7,3 millions de livres sterling (8,6 millions d'euros) aux enchères chez Sotheby’s. Le précédent record était déjà détenu par l’ornithologue franco-américain avec un autre exemplaire du même ouvrage, vendu en l’an 2000 pour 7 millions d'euros.

Selon le magazine The Economist, cinq exemplaires des Oiseaux d'Amérique figurent parmi les 10 livres imprimés les plus chers du monde. Une version de 1802 des Liliacées de Pierre-Joseph Redouté occuperait la seconde place: vendu 5 millions de dollars en 1985, elle est aujourd'hui estimée à plus de 10 millions de dollars, soit 7,6 millions d'euros. La Bible de Gutenberg, datée de 1450-55, serait au 3ème rang. Viendraient ensuite Les Contes de Cantorbéry de Geoffrey Chaucer et le Premier Folio de William Shakespeare. Néanmoins, si on tient compte du seul prix d'acquisition, le livre le plus cher de tous les temps reste Le Codex Leicester de Léonard de Vinci. C'est Bill Gates qui s'en est porté acquéreur, en 1994, pour la modique somme de 30,8 millions de dollars soit 23,5 millions d'euros. En deuxième position, l’Évangile de Henri le Lion, s'est vendu 12,4 millions de dollars en 1983 (9,4 millions d'euros).

Plus près de nous, lors d'une vente aux enchères de Sotheby's, le 15 décembre dernier, un extrait de la correspondance de Rimbaud à sa sœur, Isabelle, a été vendu 17 500 euros ; le Testament du père Ubu d'Alfred Jarry a trouvé acquéreur à 30 750 euros ; une lettre de Paul Verlaine adressée à Ernest Delahaye en 1875 a été adjugée 72 750 euros ; et un manuscrit de jeunesse de Stéphane Mallarmé a atteint la somme de 96 750 euros. Déjà, en juin 2010, les dernières pages de Pilote de guerre d’Antoine de Saint-Exupéry a trouvé acquéreur à 74 900 euros, tandis que la collection privée de Jacques Prévert s'est vendue à 2,28 millions d’euros. De même, en avril 2009, à Drouot Richelieu, une édition limitée du roman de Jules Verne, L'île mystérieuse, imprimée en 1875 chez Hetzel, a été emporté à 82 348 € .

Il faut dire que le livre de collection est un placement plus sûr que la bourse. En période de crise, il représente une valeur refuge, à l'instar de l'or, et il est plus rentable que l'indice Dow Jones. En 2008, une étude réalisée de la Banque Lazard pour le compte de la librairie Sourget a montré, par exemple, qu'une édition originale du Discours de la méthode de Descartes est passée de 6 800 dollars à 290 000 dollars entre 1977 et 2004, soit une hausse de 4260%. Dans le même temps, l'indice Dow Jones est passé de 831 points à 10783 points, soit une augmentation de 1290%. On comprend mieux l'intérêt croissant des collectionneurs et négociants asiatiques pour le livre ancien, ainsi que la passion nouvelle des lecteurs du Wall Street Journal, de Forbes ou du Figaro pour la bibliophilie. Cet engouement fait d'ailleurs naître de lucratives vocations, ainsi que le montre l'article de Slate.fr, consacré à un négociant britannique pas très fier de lui et intitulé Le vendeur de livres qui ne lisait pas.

Selon Patrick Sourget, le fondateur de la librairie du même nom, certains livres récents peuvent aussi constituer un investissement rentable. A Londres, par exemple, les premières éditions de Harry Potter dédicacées par J.K Rowling se vendent entre 20 000 à 25 000 euros. C'est une exception pour la littérature enfantine (à l'instar des romans de Jules Verne), car les livres de jeunesse paraissent sous-cotés comparés aux autres collectibles. A titre d'exemple, un exemplaire de Mon Chat, illustré par Nathalie Parain (1930), pourtant très rare, se négocie autour de 3000 euros pour un album en excellent état.

En revanche, les illustrateurs vedettes de la bande dessinée se négocient chèrement. En novembre 2009, lors d'une vente à la galerie Artcurial à Paris, un dessin d’Hugo Pratt pour la couverture de Corto Maltese en Sibérie (1979), est parti à 247 000 € ; une illustration d'André Franquin pour la couverture du Cas Lagaffe (1971) a été adjugée à 150.000 euros ; tandis qu'une planche de La foire aux immortels d'Enki Bilal (1980) s'est vendue 21 000 euros. Quelques mois auparavant, en Belgique, la vente d'originaux signés Hergé avait rapporté 1,172 millions d’euros. Les superhéros de comics américains, quant à eux, établissent des records de prix. Ainsi, en février dernier, un exemplaire du numéro 27 de Detective Comics (1939) où apparaît Batman, s'est vendu plus d'un million de dollars (760 000 euros environ ) à l'Heritage Auction Galleries de Dallas.

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