Avec un tel titre; et un sous titre plus énigmatique (et autres récits de l'insolite chemin parcouru), comment aurai-je pu ignorer ce livre? Ecrit par Graham Parker, célèbre icône méconnue de la scène rock, ce recueil de nouvelles plus qu'un roman, oscille étonnamment entre drogues synthétiques et nature.
Dans ce livre, l'auteur mystifie sa vie sous les traits d'un alter ego nommé Brian Porker. L'histoire commence dès l'enfance de Brian, passionné d'ornithologie pour se terminer dans une prison marocaine, en passant par les Etats-Unis, les années 60, 70 et 80. Chaque chapitre, ou plutôt nouvelle, se consacre à une époque et une période de la vie de Brian à la façon d'une saga. On pourrait classer Brian dans la catégorie des anti-héros mais le mot héros est déjà de trop. Brian subit tous les maux de sa société et adopte avec une facilité déconcertante tous les travers qu'il peut rencontrer. C'est avec un entêtement acharné qu'il cherche les problèmes pour ensuite en accuser la malchance ou l'injustice. Ajouter à cela une dose de mauvaise foi, de mensonge, de couardise, de rancune est vous arrivez à la conclusion que Brian Porker est un con.
250 pages pour découvrir la vie de son voisin! C'est long! J'avoue une nouvelle fois avoir du mal à comprendre l'enthousiasme qui entoure ce livre. Un livre culte, peut-on lire dans de nombreux copier/coller appelés également avis ou critiques fleurissant sur le net. Je pense que si j'avais limité mon interaction avec cet ouvrage avec la Quatrième, les commentaires de la couverture (écrit par l'éditeur des livres de Parker) et un surf de deux minutes trente sur la page Graham Parker de wikipédia, j'aurai sans doute pondu un truc pareil. Mais pour être culte, il faut, soit avoir du talent savoir l'exprimer, soit au contraire n'avoir aucun talent et ne laisser aucun doute là-dessus. Ici, nous sommes exactement au milieu: des récits convenus, émaillés de quelques méchants mots, pour le côté rebelle. Le côté nouvelles donne l'impression de lire des épisodes du type: Brain à la chasse aux oeufs, Brian construit une maison, Brian se drogue... Un club des cinq sous amphétamines. On s'amuse de temps en temps en lisant; mais on aura vite oublié. Et ce n'est certainement pas le chapitre de "Brian rencontre les Rolling Stones" qui « cultise » ce livre. Nous sommes bien loin d'un Denis Johnson et de son Arbre de fumée ou d'un Bret Easton Ellis et son American Psycho.
Comme vous l'aurez compris, je ne suis pas enthousiaste à la lecture de ce livre. Je pensais trouver un livre rock'n roll et je me suis retrouvé face à une sorte d'autofiction et toutes ses dérives adjacentes, un peu comme face à ces personnes qui se sentent obligés de vous raconter par le menu tous les détails de leur weekend. Peut-être drôle sur le coup, mais à froid, sans l'ambiance, un peu chiant. Alors sauf si le livre le plus drôle que vous ayez lu ces dernières années est Globalisation, le pire est à venir de Patrick Artus, vous pouvez aisément vous pouvez dispenser de cette lecture. Par contre si vous souhaitez avoir une lecture rock'n roll, tournez vous plutôt vers un Mauvais Garçon de Willy Russell, un Sarah de J.-T. Leroy, un L'espoir est une chose ridicule de Aleksandar Hemon ou même encore un Mégalomachine de Mark Leyner (un cran en dessous des autres pour ce dernier).
Titre: Pêche à la carpe sous valium
Auteur: Graham Parker
Editeur: Points
Parution: 14 mai 2010
Pages: 245