Je profite de la parution prochaine du livre de Luis Sepulveda, Dernières nouvelles du Sud, et de sa visite en France en mai prochain, pour revenir sur son chef d’œuvre Le vieux qui lisait des romans d'amour. Cet opus dédié à l’écologie, est un chef d’œuvre du genre. Loin d’être une sorte de roman-pamphlet ennuyeux, c’est un petit bijou d’écriture, une véritable leçon de vie que l’on dévore en quelques heures.
Idilio est un petit village perdu de l’Amazonie, situé à la frontière entre l'Équateur et le Pérou. Colonisé par des pionniers sponsorisés par le gouvernement central, des chercheurs d’or et des aventuriers de tous poils, le lieu offre peu de distractions en dehors du bateau de ravitaillement et des visites du dentiste itinérant. Un évènement va néanmoins mettre le feu aux poudres puisque les indiens Shuars ramènent dans leur pirogue le corps mutilé d’un homme blanc. Le maire, surnommé la limace, les accuse immédiatement du meurtre. Plusieurs indices montrent pourtant que la victime a succombé aux griffes d’un félin. Antonio José Bolivar, un veuf d’une soixantaine d’années qui vit un peu à l’écart des villageois et se passionne pour les romans d’amour, va devoir mettre son expérience au service de la vérité. C’est le début d’une chasse à l’ocelot, un passe-temps d’autant plus risqué que la nature ne s’ouvre pas au premier venu. Pour survivre, il faut d’abord apprendre à l’écouter, à l’observer et à la respecter.
Ce livre magnifique, qu’un spécialiste quelconque a placé sous le label de roman écologique, est le premier ouvrage publié par Luis Sepulveda. Le romancier Chilien en a tiré un succès planétaire qui s’est traduit par de nombreuses récompenses. En France, il a obtenu le prix Relais H du roman d'évasion en 1992 et le prix France Culture étranger, la même année. Il a également reçu le Premio Tigre Juan en 1988, un prix littéraire espagnol qui récompense les premiers romans parus en langue castillane. Le vieux qui lisait des romans d'amour a été adapté en 2001 par Rolf de Heer avec Richard Dreyfuss, Timothy Spall et Hugo Weaving dans les rôles principaux.
En 20 ans de carrière littéraire, Luis Sepulveda a publié une quinzaine d’ouvrages, parmi lesquels Le Monde du bout du monde (Métailié, 1993; Le Seuil, 1995), un polar écologiste ; Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler (Métailié-Le Seuil, 1996), un livre pour enfant qui a reçu de nombreux prix ; Le Neveu d'Amérique (Métailié , 1996; Le Seuil, 1998) une autobiographie romancée, ou Rendez-vous d'amour dans un pays en guerre (Métailié, 1997; Le Seuil, 1999), un recueil de nouvelles.
Dernières nouvelles du Sud, le récit de son voyage en compagnie du photographe argentin Daniel Mordzinski, doit paraître chez Metailié, le 19 avril 2012. Ce périple de près de 4000km les a conduit en 1996 jusqu’au Cap Horn. Une rencontre avec les auteurs est prévue le 31 mai 2012 à 19h au musée du quai Branly à Paris.
Le vieux qui lisait des romans d'amour de Luis Sepulveda (Editions Métailié, 2004, 136 pages)