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Helen of Troy - Margaret George

Celle par qui le malheur arriva ! Elle vit donc entourée de sa sœur Clytemnestre et de ses deux frères, les inséparables Castor et Pollux ; elle apprend la tapisserie en compagne de sa mère, qui refuse qu’elle se regarde dans un miroir. Chacun semble réellement prendre à cœur que l’enfant n’ait aucune conscience de sa beauté, tout comme du secret de sa conception d’ailleurs.

Hélène est-elle fille de Tyndare comme sa sœur, ou serait-elle la vie de Zeus, ayant pris la forme d’un cygne pour séduire sa mère ?

Arrivent alors les frères de la maison d’Atrée, Agamemnon, aussi avide d’or que de pouvoir et Menelas, plus paisible que son belliqueux aîné.
Sa sœur ayant été choisie par Agamemnon, la jeune Hélène attend d’être à son tour en âge d’être mariée, son époux devenant automatiquement le nouveau roi de Sparte. Fait rare dans le bassin méditerranéen, la fille du roi transmet le trône à son époux ; comme Agamemnon par son droit d’aînesse est roi de Mycènes, il est logique que ce soit le mari d’Hélène qui devienne roi de Sparte.

Lorsque tous les petits rois de Grèce arrivent pour prétendre à la main de la jeune fille, Tyndare les force à un serment connaissant le caractère belliqueux de tous les personnages. Ils devront jurer de respecter le choix de sa fille et accepter de venir au secours de son époux au cas où il aurait besoind e leur aide.
Le choix d’Hélène se porte sur Ménélas et commence alors la vie de la plus belle femme du monde en tant que reine de Sparte, recevant régulièrement en son palais son beau-frère et sa sœur bien aimée.

Il devient de plus en plus évident qu’Agamemnon est un seigneur de guerre frustré de n’en avoir aucune à se mettre sous la dent ; il convoite depuis longtemps les richesses de Troie dont on parle dans tout le bassin méditerranéen. Troie est située en un point stratégique sur le Bosphore (l’Hellespont de l’Antiquité) ; elle taxe les commerçants qui passent avec leur bateau, arraisonnant parfois les cargaisons. Tout cela irrite les Grecs au plus haut point.

Lorsque Paris et Enée venus en émissaires afin de ramener leur tante Hésione à Troie, le sort en est jeté !

Hélène bien qu’aimée par Menelas, a plus de sentiments fraternels pour son mari qu’une vraie passion, cette passion même que Paris – de 10 ans plus jeune – va susciter. Elle décide de partir pour Troie avec lui, abandonnant mari et Hermione, sa fille.
Il n’en faut guère plus pour qu’ Agamemnon ait son prétexte de guerre.

Dire qu’Hélène soit accueillie à bras ouverts à Troie serait très exagéré, cela ne s’arrangera guère dès que la guerre sera déclarée.

Le reste de l’histoire est connu : une beauté légendaire qui suscitera l’une des pires tragédies de l’antiquité, Troie sera rasée, ses habitants massacrés.

Voici donc une version supplémentaire de cette histoire d’une passion amoureuse aussi célèbre que celle de Tristan et Iseult ou Romeo et Juliette, ou Lancelot et Guenièvre.

Tout comme le célèbre roi Arthur est probablement la somme de plusieurs petits « rois » britonniques, la guerre de Troie est probablement la somme d’un événement certain de l’Antiquité. Illium était célèbre et enviée par les Grecs pour sa position stratégique au bord de la mer. De tous temps d’ailleurs, Grecs et Turcs se sont fait la guerre.

L’auteur tente de rendre la reine de Sparte sympathique, d’en faire la victime de sa passion amoureuse et des événements et non la responsable, ce qu’aussi bien Grecs que Troyens lui reprochent.
Alors que le seul motif de cette guerre fut l’appât de richesses. C’est étrange cette constante humaine de chercher de vains prétextes à leurs guerres.
Je n’ai cependant pas été totalement convaincue par ce ton un peu geignard qu’adopte Hélène, narratrice de sa propre histoire, qui en appelle sans cesse aux dieux et à leurs malédictions sur les malheureux humains qu’ils manipulent.

Mais j’avais très envie de lire une version supplémentaire de ce thème particulièrement exploité par les écrivains et les cinéastes.

Après avoir apprécié récemment celle de Luciano de Crescenzo « Elena, Elena, amore moi », contée d’après le point de vue d’un jeune prince, parti à la recherche de son père, perdu dans Troie et sans oublier la version de Marion Zimmer Bradley « The Firebrand », où c’est par la voix de Cassandre que l’histoire nous est contée.

Margaret George tente tout au long des pages de son roman de rendre son héroïne sympathique ; elle met l’accent sur son enfance recluse, mais ne respecte pas la légende qui comprend son enlèvement par Thésée. Elle ôte délibérément le côté egoïste de la jeune femme, mettant l’accent sur son amour qui surpassera la mort. Finalement, ce sont les pages consacrées à la guerre elle-même qui rendent le roman passionnant, car là la documentation est bien faite et le style dynamique.

En dehors de cela, ce nouvel opus sur la Belle Hélène est finalement assez banal, la version de Zimmer Bradley possédant, selon moi, plus de feu et de passion.

A propos de l’auteur :

Margaret George naquit à Nashville Tennesse. Ses parents avaient un intérêt commun pour les ballades et contes du Sud des Etats-Unis ; son père était originaire d’une petite ville près d’Oxford, Mississippi, là où vécut William Faulkner qui écrivait « le passé ne meurt jamais, ce n’est même pas le passé ». Toute la famille partageait le plaisir d’exprimer un langage châtié ; son père était d’ailleurs un orateur et écrivain, que l’auteure compare souvent à Cicéron.

Les ancêtres de la famille étaient à la fois écossais/irlandais/anglais et l’une des branches de la famille étaient des Quakers qui vinrent aux Etats-Unis au début du 18ème siècle ; n’ayant plus trouvé de territoire disponible en Pennsylvanie, ils émigrèrent vers le sud, où ils s’installèrent dans les états du Tennessee et du Kentucky.
Une autre branche de la famille s’installa dans le Mississippi.

Margaret George est une nomade. Elle vécut dans bien des endroits, commençant sa vie de voyageuse dès l’âge de quatre ans lorsque son père trouva un poste auprès des services diplomatiques américains et fut envoyé au consulat de Taïwan où la famille résida pendant deux ans. Ensuite ils partirent pour Tel-Aviv pendant la période de calme relatif qui suivit la guerre de 1948. Ces années-là furent suivies par Bonn et Berlin en pleine guerre froide avant de revenir à Washington D.C.

C’est en Israël que l’avide lectrice qu’elle était s’amusa à écrire des nouvelles lorsqu’elle fut à court de lecture ; assez curieusement ses histoires se situaient dans l’Ouest américain où elle n’avait cependant jamais mis les pieds !
Comme le disait Emily Dickinson : « il n’y a pas plus belle frégate qu’un livre » !
Mais Margaret ne se contenta pas de voyager à travers les livres, elle voyageait aussi à travers le temps, dans des siècles bien loin de celui dans lequel elle vivait.

Aucune de ses sagas remplies de chevaux ne fut jamais publiée, mais la jeune écrivaine d’un peu plus de 10 ans reçut une lettre de la Maison Grosset & Dunlap, l’encourageant à poursuivre son talent, mais qu’il lui faudrait un peu retravailler son orthographe !

C’est aussi en Israël que Margaret George eut des tortues en guise d’animal de compagnie, un intérêt qu’elle conserve actuellement. L’auteure avait d’ailleurs une grande affinité avec la nature et les animaux, ce qui la conduisit à faire des études supérieures à la Tufts University à la fois en littérature anglaise et en biologie.

Donc, revenue aux USA avec ses parents, Margaret entra à l’université en pleine « folie Elvis ». Son premier opus fut une lettre, écrite lorsqu’elle avait 13 ans, et envoyée à Time Magazine, dans laquelle elle prit la défense d’Elvis Presley contre tous ses détracteurs.

Elle obtint ensuite un diplôme en écologie à Stanford, dans l’un des tout premiers départements à offrir ce type d’étude. Margaret George est toujours à l’heure actuelle une militante pour l’environnement et la protection des espèces en voie de disparition.
Ces intérêts la conduirent à un poste d’écrivain scientifique au sein du National Cancer Institue à Bethesda dans le Maryland pendant quatre ans.

A la fin de cette époque, elle se maria et une fois encore déménagea d’abord à St-Louis, ensuite vers la Suède, et retour vers les Etats-Unis dans le Wisconsin, où elle vit désormais depuis plus de 20 ans avec son époux. Leur fille vit en Californie où elle termine ses études.

A travers tous ces changements dans son existence, il reste une constante : son travail d’auteure ; elle dit être un « écrivain assez lent » et ne se concentre d’ailleurs que sur un seul livre à la fois.
C’est à St-Louis qu’il lui prit l’envie d’écrire une psycho-biologie sur Henri VIII, désireuse de rétablir un peu l’image de ce roi qui selon elle a bénéficié d’un très mauvais service de presse !
Sa formation scientifique la porta à faire de minutieuses recherches en littérature et essais sur le roi ; elle chercha aussi de l’aide auprès d’un historien spécialiste des Tudor à l’université de Washington. Quatorze années passèrent entre le début de ce projet et la publication de cette nouvelle « Autobiographie d’Henri VIII ». Le livre a près de mille pages, tout d’abord parce que l’écrivaine a abordé l’histoire de ce roi de sa naissance à sa mort. De plus, l’ouvrage étonna car c’était le premier roman montrant ce roi sous un aspect sympathique.

Suivra alors une biographie romancée de Mary, reine d’Ecosse (elle aussi, avec Hélène de Troy, l’un des sujets préférés des écrivains d’histoire romancée).
Viennent ensuite les célèbres « Mémoires de Cléopâtre », dont la chaîne ABC a réalisé une mini-série télévisée. Les « Mémoires » ont été traduites en 13 langues, parmi lesquelles le finlandais et le coréen !

En 2002, Margaret George s’attaqua à un autre mythe : Marie-Madeleine, avant de se lancer dans sa propre version de la guerre de Troie, avec « Helen of Troy » publié en 2006.

Par ailleurs, l’auteure a également mis en scène l’une de ses tortues préférées dans un livre pour enfants.

Son engouement pour les personnages historiques la porte à devenir la biographe et porte-parole de ceux qu’elle considère comme des victimes de leur réputation et mal interprétés par l’histoire. L’écrivaine préfère travailler sur des personnages par lesquels elle se sent particulièrement attirée ; compte tenu de la recherche et des études constituées par ce type de roman, elle se limite au monde antique ou à la renaissance anglaise.

Chaque sujet lui fait rencontrer des lieux et personnes auxquels elle n’aurait pas accès en d’autres circonstances, chaque livre constituant une aventure en soi.

Avec tout cela, Margaret George regrette un peu de ne pas être autant chez elle qu’elle le voudrait car malgré sa vie de voyageuse, elle aime à être à la maison où elle aime à développer son intérêt pour les tortues – elle est également membre de la New York Turtle & Tortoise Sociéty – sans oublier sa passion pour l’archéologie (elle est également membre de l’institut archéologique d’Amérique).
Apparemment, Margaret George est une boulimique d’activités car elle s’intéresse aussi au cinéma, à la photographie et à des activités au grand air.

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