Bienvenue à Piombino, dans la province de Livourne en Toscane. Cet ancien port étrusque, situé face à l'île d'Elbe, est une sorte de négatif de la fameuse station insulaire. D'un coté du canal, il y a le décor de carte postale, l'écosystème protégé, les plages bien propres et les touristes venus du monde entier. De l'autre coté, sur le continent, Piombino oppose ses hauts fourneaux, ses barres HLM, ses poubelles à ciel ouverts et sa population désœuvrée. C'est ici, sur la via Stalingrado, qu'ont grandi Anna et Francesca, les deux meilleures amies du monde.

Nous sommes au début de l'été 2001 et les deux ingénues comptent bien profiter des rares plaisirs qui s'offrent encore à la jeunesse. Et qu'importe leurs babouins de pères qui les engueulent ou les frappent, les retraités baveux qui jouent les piliers de bar, les jeunes ouvriers défoncés dont l'horizon se limite aux magouillent et aux filles faciles, les adolescentes engrossées à 16 ans, les mères de famille vieillies avant l'âge et les camarades de classe frustrées... Anna et Francesca sont intouchables ! Elles ont créé un univers qui n'appartient qu'à elles et, dans leurs rêves d'avenir, elles sont persuadées qu'elles iront loin...

Silvia Avallone retranscrit assez bien les états d'âmes de ses héroïnes. L'immaturité et l'inconséquence des adolescentes irritera sans doute de nombreux de lecteurs, mais il ne faut pas oublier, qu'au début du roman, Anna et Francesca n'ont pas encore 14 ans. Par ailleurs, l'intérêt du livre réside davantage dans son aspect social : la vie quotidienne des habitants de Piombino, la description des aciéries (Lucchini S.p.A., en particulier, et Tenaris Dalmine), les paysages défigurés, les destins brisés...
Ce premier roman de Silvia Avallone a reçu plusieurs distinctions littéraires italiennes, ainsi que le Prix des lecteurs de L’express en 2011. Il a été traduit en allemand, hollandais, espagnol, japonais, russe, suédois... et a fait l'objet d'une adaptation cinématographique réalisée par Stefano Mordini.

D'acier de Silvia Avallone (Liana Levi, Coll. Piccolo, 2012, 386 pages)