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Le ravin des anges - Nicole Provence

D’un côté deux jeunes filles, Sandra puis Caroline, sont droguées, victimes d’un viol collectif puis assassinées avant d’être retrouvées dans une déchetterie, jetées là comme de vulgaires objets hors d’usage. Une enquête difficile commence pour l’adjudant Di Nazzo de la BR de gendarmerie de Vienne.

De l’autre Jasmine, jeune fille française mais d’origine turque, de son vrai prénom Yasmina travaille de temps en temps chez Diane Miller, auteure de polars. Les deux femmes se lient d’amitié. A quelques semaines de sa majorité, sous la coupe d’une frère ainé autoritaire, Jasmine fait part à Diane de sa peur de devoir partir en Turquie pour épouser un inconnu choisit par sa famille, tout comme sa sœur quelques années auparavant.

Alors que l’enquête sur les assassinats de Sandra et Caroline piétine, Jasmine disparaît à son tour. Avec l’aide du gendarme Cécile Borry de l’équipe de Di Nazzo, Diane est bien décidée à retrouver Jasmine, dusse-t-elle aller jusqu’en Turquie pour la ramener en France; inquiète cependant du risque d’arriver trop tard.




Le début du roman est très noir, très fort, très dur, l’atmosphère est lourde mais il ne faut pas que le futur lecteur en soit rebuté car cela permet de nous plonger directement dans le sujet. Ensuite je ne dirai surement pas que l’atmosphère est plus légère, mais plutôt moins pesante, plus respirable malgré l’horreur. Je suis toujours étonné de cette capacité qu’ont les auteurs, juste par leurs mots, d’offrir aux lecteurs des ambiances complétements différentes. Ce changement brutal m’a presque donné l’impression d’un roman écrit à quatre mains.

Pas question dans ce roman pour le lecteur de chercher le ou les coupables car très vite on comprend quasiment tous les tenants et aboutissants de ces meurtres sordides et bien avant l’adjudant Di Nazzo. Même si un rebondissement plutôt inattendu, qui en disait long sur l’âme humaine et ses tourments, m’a surpris.

Outre ces tourments, le besoin de pouvoir de certains êtres sur les autres et une telle cupidité que tous les moyens possibles sont bons pour y arriver, ce roman traite aussi de la difficulté des enfants d’immigrés, et plus particulièrement les filles, à sortir du carcan familial, de traditions qui nous apparaissent si rétrogrades tant elles bafouent la liberté des êtres humains. Traditions religieuses ou non, us et coutumes, auxquels se raccrochent parents et aussi enfants dans un monde, un milieu, où ils ne se sentent pas à leur place. Ces traditions sont leurs bouées de secours pour ne pas sombrer, mais tels des nageurs en danger ils noient ceux qui pourraient les sauver.

Si c’est le premier polar de Nicole Provence que je lis, (je n’avais lu à ce jour, il y a quelques mois déjà, que la nouvelle « Les Trois Madeleine » que j’avais beaucoup apprécié), ce n’est pas la première aventure de l’adjudant Di Nazzo, son héros récurrent.

Dans un commentaire suite au billet de Niki, Nicole Provence écrivait que ce roman n’avait pas été appréciés par les éditeurs de polar parce qu’il y avait deux intrigues qui s’entrecroisaient, ou pas assez ceci, trop cela… des excuses ou plutôt des motifs de refus assez bizarre en fait. Si j’avais lu les précédentes enquêtes de Di Nazzo, ce qui m’aurait sans doute perturbé dans ce roman c’est le rôle presque secondaire qu’il y joue. Le rôle principal est tout de même tenu par Diane Miller.

A ce propos quand on lit un polar dans lequel on retrouve un ou une auteure de polar, comme avec la fameuse Mrs. Ariadne Oliver d’Agatha Christie, on se demande toujours si l’auteure n’a pas voulu se mettre en scène et donc dans ce cas précis Diane Miller est-elle un peu, beaucoup ou à la folie Nicole Provence ? Seule cette dernière pourra nous répondre…

Avant de vous inviter à lire ce texte, quelques mots « techniques ». Ce texte n’est disponible qu’en format numérique chez Gaïa Village Publications. Il est disponible au format PDF et au format ePub. J’ai préféré ce dernier car c’est à mon sens à ce jour le meilleur format pour le livre numérique et surtout c’est le format standard.

Toutes maisons d’éditions confondues la qualité des livres numériques est très variable, peut-être avez vous entendu parler à ce propos de la qualité de l’édition numérique officiel du Goncourt 2011 – L’Art Français de la Guerre d’Alexis Jenni - farci de fautes d’orthographe, d’une qualité lamentable et d’un poids disproportionné alors que la version « pirate » - roman scanné, corrigé, mis en page par un amoureux des textes était parfaite ! Précisons tout de même que dans ce cas précis on retrouvait les même fautes d’orthographe dans l’édition papier, un comble pour un prix Goncourt, un comble pour un roman édité dans la NRF, prestigieuse collection de Gallimard.
Sans parler du prix parfois extravagant – on retrouve ainsi des textes numériques plus chers que le même roman au format poche !

Donc pour en revenir à la partie technique, il faut dire que ce roman numérique est de très bonne facture. Je n’ai pas remarqué de fautes d’orthographe (personnellement je suis nul en orthographe alors quand j’en vois je suis très choqué LOL) ce qui est quasiment une première pour moi en ce qui concerne les romans numériques ! J’ai juste remarqué un «. » incongru au début d’un paragraphe et dans les notes de bas de page du chapitre 41 deux « ; » à la place de « : », des broutilles donc.

Pour en revenir aux notes, les renvois fonctionnent parfaitement à l’aller comme au retour, ce qui encore une fois est loin d’être effectif pour nombre de livres numériques où souvent le retour ne fonctionne pas.

Petit regret pour la table des matières qui ne reprend pas les chapitres – il faut dire que cela devient un peu limite car une table des matières avec 55 chapitres en début de roman ce n’est pas très esthétique – peut-être que faire une seconde table des matières spécifique pour le texte en fin de volume serait une solution. J’ai lu ce roman sur iPad avec l’application iBooks qui a un bon système de signet palliant à cette absence, mais je ne sais pas si ce système est disponible sur toutes les liseuses.

Second petit regret à plusieurs reprises j’ai été perturbé (il ne m’en faut pas beaucoup je dois l’avouer) par de simple retour à la ligne alors qu’un changement de paragraphe aurait été plus judicieux. La différence ne semble pas si importante et pourtant cela permet de laisser un petit espace entre les deux lignes marquant ainsi un changement dans la narration.
Je vais tenter de m’expliquer. Dans le courant de la narration régulièrement il y a des changements de lieu et/ou de temps. Par un simple retour à la ligne le lecteur a l’impression d’être toujours au même endroit et au même moment. Par contre par un changement de paragraphe on comprend tout de suite que l’on est ailleurs et/ou à un autre moment.

Deux regrets donc bien mince en fait, mais peut-être utiles pour améliorer encore un peu plus la qualité technique de ces ibooks.

En résumé, un roman intéressant et à lire. Côté ibook c’est une belle réalisation d'un point de vu technique et à un prix de 6,20 €, très raisonnable.

Je vous invite donc à faire connaissance Diane, Jasmine, Cécile et Di Nazzo en lisant ce roman de Nicole Provence disponible chez Gaïa Village Publications.


Tekiro


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