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La Franc-maçonnerie des femmes - Charles Monselet

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre de ce livre, il ne s'agit pas d'un essai sur l'histoire de la Franc-maçonnerie féminine, mais bien d'un roman. Les éditions du Masque l'ont exhumé des archives de la Bibliothèque Nationale de France où il sommeillait depuis plus d'un siècle. D'abord paru en feuilleton dans le quotidien La Presse, entre 1855 et 1856, l'œuvre de Charles Monselet est tombée dans l'oubli en même temps que son auteur.

Ce journaliste gastronome connait son heure de gloire sous le second empire et rédige même une préface aux Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand. Il est l'auteur de plusieurs romans et pièces de théâtre. Dans introduction à La Franc-maçonnerie des femmes, Paulette Perec, conservateur à la BNF, compare volontiers Charles Monselet à Alexandre Dumas, Eugène Sue et Paul Féval. Sans aller jusque là, je dirai que son roman est assez emblématique de la littérature populaire du 19ème siècle.

Le Masque a choisi de publié le roman sous le label de la collection Labyrinthes, dédiée au polar historique. La Franc-maçonnerie des femmes débute en effet sur les chapeaux de roue, avec l'assassinat sanglant d'une bourgeoise d'Ecouen, en région parisienne. Avant de rendre son dernier soupir, Mme Abadie confie à M. Blanchard, qui a tenté de la sauver, une bien étrange mission. Celui-ci doit se rendre sans délai à La Teste-de-Buch, en Gironde, et remettre un mystérieux coffret à une certaine madame de Pressigny. Notre héros, qui est aussi un insatiable curieux, en sera pour ses frais, car ni l'une ni l'autre ne lui révèleront l'intérêt du contenu de la relique. Il lui faudra aussi faire preuve d'abnégation car, dans un premier temps, la dame refuse obstinément de la recevoir. C'est finalement par l'intermédiaire de l'un de ses proches, le jeune Irénée de Trémeleu, que Blanchard parvient à approcher la Pressigny. Celle-ci est accompagné de sa sœur, la comtesse d’Ingrande, et de sa nièce, Amélie. Si j'évoque cette jeune personne, c'est parce qu'elle est amenée à jouer un rôle central dans l'histoire qui nous est rapportée. En cet été 1843, en effet, la bourgade de La Teste-de-Buch, semble être devenu un lieu de rendez-vous prisé car on y croise bientôt Marianne Rupert, une fameuse cantatrice connue sous le pseudonyme de La Marianna, et son amant, Philippe Beyle. Ce mufle misogyne, qui s'est déjà lassé de sa compagne, est aussi l'ennemi juré de Irénée de Trémeleu, le précédent amoureux de La Marianna.
A ce stade du roman, les principaux personnages et éléments des drames à venir sont en place. Quant à vous, vous vous demandez sans doute quel est le rapport avec la Franc-maçonnerie. Sachez alors que les sœurs sont liées par un pacte qui les oblige à l'obéissance aveugle et au soutient mutuel. Attaquer l'une d'entre elles, c'est risquer de subir les foudres de la puissante société secrète toute entière.

On ne peut pas dire que Charles Monselet donne une vision très glorieuse de la Franc-maçonnerie féminine, réduite ici à un simple outils de vengeance et non à la réalisation d'un grand projet humaniste. Il faut néanmoins garder en tête qu'il s'agit d'un roman sans prétention, destiné à être publié en feuilleton. La préoccupation essentielle de l'auteur devait donc se concentrer sur le moyen de tenir son lecteur en haleine. De ce point de vu, il a atteint son but grâce à de longues digressions sur les différents protagonistes (il y a ainsi plusieurs histoires en une seule) et de fréquents rebondissements dans l'intrigue. Sans être un chef d’œuvre inoubliable, La Franc-maçonnerie des femmes est une œuvre distrayante et plaisante à lire.

La Franc-maçonnerie des femmes de Charles Monselet (Le Masque, coll. Labyrinthes, 2011, 540 pages)


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