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La gifle - Christos Tsiolkas

Dans la banlieue résidentielle de Melbourne, un couple de Bobos, Hector (dont les parents sont originaires de Grèce) et Aisha (une vétérinaire d'origine anglo-indienne), organisent un barbecue. Ils ont invités leurs parents, leurs amis proches et quelques collègues. L'ambiance est plutôt conviviale mais le fossé qui sépare les différents protagonistes va se révéler de la manière la plus brutale qui soit.

L'un des adultes, poussé à bout par un gamin capricieux, fini par lui retourner une claque mémorable. Il n'est, certes, pas le seul que cela démangeait, mais son geste n'en reste pas moins choquant dans une société où l'on vénère l'enfant-roi. Les parents, Rosie et Gary, un couple de pseudos hippies frustrés, décident de porter plainte pour coups et blessures. Dès lors, les autres convives vont devoir choisir leur camp. Le règlement de comptes sera à la hauteur des non-dits et des rancunes accumulées. Chaque chapitre donne la parole à un nouveau personnage. Le premier d'entre eux est Hector, puis viennent, Anouk (meilleure amie de Rosie et d'Aicha), Harry (cousin d'Hector et "monstre" qui a giflé le petit Hugo), Connie (étudiante, employée à temps partiel d'Aicha baby-siter d'Hugo et maîtresse éconduite d'Hector)...

Quoi qu'on en dise, les clichés ont la peau dure. Je me doutais bien que les Australiens ne ressemblaient pas tous à de sympathiques surfeurs bronzés mais, là, je dois reconnaître que Christos Tsiolkas n'est pas très tendre avec ses concitoyens. Dans ce roman choral, l'auteur brosse une galerie de portraits peu reluisante : drogue, sexe, racisme, hypocrisie, individualisme... la société australienne se dévoile au fil des pages, sous ses aspects les plus décadents. Aucune génération (enfants, adolescents, quinquagénaires, retraités...) ni communauté (blancs anglo-saxons, métisses, immigrés de diverses origines...) ne sont épargnées. Si le petit Hugo reçoit une véritable gifle, c'est en réalité une série de baffes virtuelles que l'auteur distribue à tour de bras. C'est donc un peu sonné que le lecteur ressort de ce livre décapant. On pense à l’œuvre d'un autre auteur australien, Ambiguïtés d'Elliot Perlman, un roman de mœurs polyphonique et plein de désillusions.

La gifle de Christos Tsiolkas (10/18, 2012, 594 pages)


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