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Olivier - Jérôme Garcin

Le 7 juillet 1962 Olivier le frère jumeau de Jérôme Garcin, traverse sous ses yeux la route en courant. Il est fauché par une voiture dont le chauffeur prend la fuite. Ils n’avaient pas six ans.

A 53 ans Jérôme Garcin évoque cette perte brutale et traduit sa douleur toujours présente à travers ce récit, cette lettre intime. Une conversation avec son cher disparu, cet autre lui-même emporté par la mort. Olivier a disparu mais il est toujours là, il l’accompagne à chaque seconde de sa vie comme un ombre qui le hante. Un ombre comme le sera aussi onze années plus tard celle de son père décédé suite à une chute de cheval mortelle.

Sa passion des chevaux l’amène à chevaucher à côté de l’ombre de son père, et assis sur sa monture, avec ses quatre jambes il a le sentiment d’être de nouveau deux.

Au travers de ce récit il nous fait ressentir le manque et le besoin d’agir pour deux, il nous invite dans son intimité et ses rencontres. Il nous fait partager sa profonde amitié avec Clément Marty, alias Bartabas, fondateur du théâtre équestre Zingaro. Bartabas est pour lui une sorte de jumeau de substitution, un double idéal.

Malgré la présence permanente de l’absent, il rend aussi hommage à sa famille, ses enfants chéris qu’il aime et qu’il protège comme une mère plus que comme un père ; à Anne-Marie sa femme qu’il admire. Anne-Marie Philip, comédienne et écrivaine, est la fille du comédien Gérard Philipe et d’Anne Philippe, écrivaine, ethnologue et éditrice.

Ce récit est une sorte de témoignage, un devoir à accomplir, comme si l’auteur voulait rendre des comptes à son frère disparu, lui montrer qu’il n’avait pas gâché sa vie et qu’inconsciemment il avait toujours essayé de la vivre pour eux deux, de vivre deux fois plus.

Le plus étonnant est sans doute la vision qu’il a de son frère Olivier, un enfant doux, un ange alors que le témoignage de l’un de ses cousins apporte la vision d’un casse-cou, d’un fonceur, jouant et provoquant sans cesse. L’auteur a sans doute une vision altérée de la réalité par le sentiment de culpabilité du rescapé, « Survivre à un frère jumeau est une imposture ». Cette nouvelle le bouleverse complétement.




C’est un récit très poignant et qui m’a beaucoup touché, qui m’a parlé et a fait écho en moi. Pourquoi ? Je ne saurai le dire. La réponse est peut-être dans les phrases suivante : « On ne lit bien que pour se retrouver. On ne veut pas être étonné, on veut être conforté dans ses idées noires et ses frayeurs »

Le récit est très fluide, rythmé par les petites choses de la vie. Et si Jérôme nous ouvre grand son cœur, ses joies et ses souffrances, il reste cependant très pudique. C’est un très beau texte, émouvant et authentique. Une belle écriture simple avec de multiples références littéraires ce qui au premier abord pourrait faire fuir, mais qui enrichissent le récit et donnent envie au lecteur d’en savoir plus.

C’est un récit fluide et dense à la fois, que l’on a du mal à quitter. Je vous le recommande sans aucune hésitation.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas Jérôme Garcin, c’est un écrivain et journaliste français qui est animateur et producteur de l'émission « Le Masque et la Plume » de France Inter, émission culturelle hebdomadaire (dimanche soir) qui traite de littérature, cinéma et théâtre. Il est également directeur adjoint de l'hebdomadaire « Le Nouvel Observateur », collaborateur au journal Service littéraire et membres de divers Jurys (Renaudot, Sagan).

Interview de Jérôme Garcin sur France Info


Jérôme Garcin parle d'Olivier par FranceInfo



Télérama Radio : Nathalie Crom lit un extrait du récit autobiographique de Jérôme Garcin : “Olivier”.
https://www.telerama.fr/livre/lecture-olivier-de-jerome-garcin,65380.php

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