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L’Acrobatie aérienne de Confucius - Dai Sijie

Avec un titre comme celui-ci bien-sûr, on ne s’attend pas à quelque chose de très sérieux. Peut-être une pirouette littéraire, une sucrerie érudite ou un conte philosophique rocambolesque. On sait que Dai Sijie aime s’attaquer à des sujets ardus mais toujours avec assez de finesse pour ne pas heurter les sensibilités. On pense à Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, le roman consacré à la révolution culturelle et qui l’a révélé au public, ou à son film Les filles du botaniste sur l’homosexualité féminine dans la République populaire de Chine.

Dans ce nouvel opus, Dai Sijie continue de nous parler de son pays d’origine. Il opte cette fois, pour une biographie irrévérencieuse de l’Empereur Ming Zheng De (1491-1521), selon lui le plus atypique (et surtout le plus lubrique) des souverains. Car, l’Acrobatie aérienne de Confucius désigne en réalité une position sexuelle de haute voltige, tirée d’une sorte de Kâma-Sûtra chinois.
Pour mener à bien son projet, l’écrivain convoque tour à tour l’humaniste François Rabelais, un explorateur portugais, des hagiographes chinois et des animaux doués de parole. Outre une longue fable théâtrale de son cru, le texte est ainsi parsemé de citations, d’extraits et de références qui font parfois penser, qu’à coté de ses recherches documentaires soignées, Dai Sijie s'est accordé quelques plages de paresse dans l'écriture. Le lecteur ne lui en tient pas vraiment rigueur car il faut reconnaître que le résultat est assez jubilatoire.

Imaginez la vie quotidienne d'un empereur paranoïaque qui ne se déplace jamais sans ses quatre sosies ! Les fidèles sujets de Zheng De les désigne sous le sobriquet de Quinte Souveraine. Leur ressemble est tellement parfaite qu'il est presque impossible de les différencier. Néanmoins, les familiers du palais savent bien qu'il existe un moyen très sûr de les reconnaître. Sa Majesté est un opiomane invétéré et se délecte des meilleurs vins. Son premier sosie n'aime que l'eau; ainsi est-il surnommé l'Eau de la Quinte. Il y a également le Thé de la Quinte, le Miel de la Quinte et le Lait de la Quinte. L'empereur, fidèle à son breuvage favori, est le Vin de la Quinte. Comme vous l'aurez compris, tout le roman est à l'avenant.

L’Acrobatie aérienne de Confucius de Dai Sijie, J’ai Lu (mars 2011, 221 pages)


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