Maus n'est certainement une bande dessinée parmi tant d'autres. D'abord, c'est la première dédiée à l'holocauste, doublée d'un chef d'oeuvre universellement reconnu. Ensuite, elle surprend à cause de l'anthropomorphisme des personnages souvent réservé aux albums humoristiques ou pour enfants. Pour finir, il faut reconnaître que c'est un "petit pavé" : presque 300 pages, reparties en 2 volumes : Mon père saigne l'histoire & Et c'est là que mes ennuis ont commencé.

Même si ce format impressionnant est plus courant aux États-Unis, c'est loin d'être la norme en Europe où les albums dépassent rarement la cinquantaine de pages. Un travail faramineux donc, dans tous les sens du terme, pour lequel Art Spiegelman a été maintes fois récompensé (jusqu'au très prestigieux Prix Pulitzer!).
Les premières planches de Maus ont été publiées à partir de 1972 mais la reconnaissance mondiale de son auteur n'est arrivée que bien plus tard, en1986, avec la parution du livre.

La bande dessinée - sous-titrée un survivant raconte - est le récit croisé de Vladeck Spiegelman, juif -polonais qui a survécu aux camps de concentration nazis et Artie, son fils auteur de comics, qui projette d'utiliser le témoignage de son père pour raconter le calvaire de la Shoah. Même si les relations entre les deux hommes sont difficiles, Art Spigelman parvient à maintenir un recul nécessaire pour restituer l'histoire de ses parents le plus fidèlement possible.
Personnellement, j'ai admiré le stoïcisme relatif dont Artie fait preuve face aux lubies du vieil homme... Cela dit, il me semble que son passé lui donne quelque excuses, même si ce n'est pas toujours l'opinion de son fils.
Art Spiegelman, qui n'hésite pas se mettre lui même en scène, nous restitue les entretiens et les disputes avec son père, ses questionnements sur la façon de traiter son sujet, ses doutes et ses peurs... bref, il s'engage pleinement et le plus honnêtement possible dans son oeuvre.

Maus : un survivant raconte. 1, Mon père saigne l'histoire, Art Spiegelman, Flammarion, 159 pages