Alors qu’ils se trouvaient dans une joaillerie pour faire expertiser une perle, Lapinot et ses compagnons sont témoins d’un cambriolage peu ordinaire. En effet, pendant qu’ils s’entretenaient avec le propriétaire, les bijoux se sont tout simplement volatilisés. Seul indice: une étrange camionnette stationnée juste devant la boutique et qui semble prendre la fuite au moment où Lapinot la repère. N’écoutant que son courage, le journaliste saute dans le véhicule de son ami et se lance dans une course poursuite haletante. Malheureusement la filature tourne court lorsque Lapinot s’aperçoit que la voiture s’est inexplicablement désintégrée.

Cette nouvelle aventure de Lapinot est un hommage au personnage de Spirou et à ses créateurs. La différence c’est que, dans l’album de Lewis Trondheim, tous les protagonistes sont des animaux. Outre Lapinot, journaliste lagomorphe en costume de groom rouge, les flics arborent des têtes de chiens, tandis que Fantasio est devenu palmipède et Spip L’Écureuil s’est transformé en lapin domestique. De même, le graphisme s’inspire, non pas des BD pour enfants, mais du design à la Géo Trouvetout, cher aux illustrateurs des fifties. Je pense, par exemple, au fameux Fantacoptère (une sorte d'hélicoptère monoplace inventé par Fantasio dans Spirou et les héritiers) que Lapinot utilise à son tour pour poursuivre les malfaiteurs.

D’un point de vue strictement éditorial, L'accélérateur atomique est le neuvième tome de la série, mais en pratique c’est beaucoup plus compliqué que ça. Le lapin apparaît pour la première fois dans Lapinot et les carottes de Patagonie, un ouvrage de 500 pages en noir et blanc. Depuis, notre héros anthropomorphe, s’est lancé dans toutes sortes d’aventures plus rocambolesques les unes que les autres. Dans le tome zéro (Slalom), Lapinot profite d’un petit séjour aux sports d’hiver avec ses amis; dans Blacktown), il affronte l’univers impitoyable des westerns et dans Walter, il échoue dans un Paris énigmatique au début du 20eme siècle.
Vous l’aurez compris, Lewis Trondheim aime alterner les plaisirs. C’est pourquoi, dans un album sur deux (tous les albums pairs pour être exact), il confronte son personnage à des préoccupations plus contemporaines ( Pichenettes, Amour et intérim, Pour de vrai et La couleur de l’enfer).

L’anthropomorphisme est, certes, loin d’être une nouveauté dans la Bande dessinée. Cependant, Lewis Trondheim a su créer un personnage assez original, qui pour le plus grand plaisir du lecteur, évolue dans un univers intemporel et complètement loufoque. Dans un premier temps, j’ai été un peu déroutée par la simplicité du graphisme et les dialogues truffés de clins d’œil. Au fil des pages, je me suis familiarisée avec le style de l’auteur, et j’ai finalement pris beaucoup de plaisir à la lecture de cette bande dessinée. Cela dit, il me semble que pour goûter pleinement l’humour de Lewis Trondheim, il faut avoir lu quelques-uns des précédents épisodes des aventures de Lapinot.

Les Formidables Aventures de Lapinot, tome 9: L'Accélérateur atomique de Lewis Trondheim, Dargaud, janvier 2003, 48 pages

Les Formidables Aventures de Lapinot (Dargaud):

- tome 0: Slaloms
- tome 1: Blacktown
- tome 2: Pichenettes
- tome 3: Walter
- tome 4: Amour et intérim
- tome 5: Vacances de Printemps avec Frank LeGall
- tome 6: Pour de vrai
- tome 7: La Couleur de l'Enfer
- tome 8: La vie comme elle vient (à paraître)
- tome 9: L'accélérateur atomique

Autres albums de Lapinot:

- Un intérieur d'artiste (L'Association)
- Lapinot et les carottes de Patagonie (L'Association)
- Slaloms (L'Association)
- Mildiou (Le Seuil)
- Promenade (in Noir est la terre) (Autrement)
- Galopinot avec Matt Konture (L'Association)

Pour en savoir plus:

Le site officiel de Lewis Trondheim
Le site des éditions Dargaud