Romans historiques (+ PLUS)

Le Montespan - Jean Teulé

Titre: Le Montespan Auteur: Jean Teulé Editeur: Pocket Année: 2009 Pages: 309

En 1663, Françoise de Rochechouart de Mortemart épouse Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan. Ils sont jeunes, désargentés, mais ils s'aiment. Les premiers temps du mariage se vivent dans l'insouciance, entre jeux d'argent... et de jambes. Mais Louis-Henri veut offrir mieux à sa belle. Puisque les Montespan sont personae non gratae à la cour, il doit s'illustrer à la guerre pour s'attirer les faveurs du roi. Louis-Henri s'endette davantage et quitte sa Françoise pour rejoindre les troupes royales aux portes de la cité rebelle de Marsal. Peine perdue, car la guerre n'aura pas lieu. Une apparition de Louis XIV sur le champ de bataille fait s'incliner les armes. Puisqu'il en est ainsi, le noble Gascon décide de s'enrôler dans une campagne contre les barbaresques. Nouvelle déconvenue. Gigeri, marque la déroute militaire des troupes françaises et financière des Montespan. Mais la beauté outrageuse et l'esprit piquant de Françoise, devenue Athénaïs, lui ont ouvert les portes du cénacle. Avec l'appui de la duchesse de Montausier, elle devient demoiselle d'honneur de la reine. Louis-Henri se réjouit, ignorant encore que c'est le début de la fin de son mariage.
 
Avec "Le Montespan", Jean Teulé met un grand coup de pied au cul de l'Histoire.
Premièrement, il exhume un personnage que le rouleau compresseur historique a relégué dans l'ombre du Roi-Soleil. Un homme trompé par sa femme et, surtout, trahi par son souverain. Montespan est un cocu ridicule, c'est vrai, mais aussi un cocu magnifique. Il a le mauvais goût d'aimer sa femme et de refuser les libéralités d'un monarque absolu, à une époque où la noblesse jouait davantage dans la basse-cour que dans la cour des Grands. Le marquis de Montespan, qui ne craint pas de se brûler les cornes, assiège Versailles à bord d'un carrosse-corbillard affublé de bois de rennes. Puis exilé sur ses terres de Gascogne, il ameute le haut clergé et la très catholique cour d'Espagne. Par vengeance, il irait bien jusqu'à violer la femme de son rival... si seulement Marie-Thérèse n'était pas si vilaine ! Jean Teulé s'amuse comme un petit fou et bouscule toutes les images d'Épinal. Le faste de Versailles est quelque peu entaché par l'hygiène douteuse de l'époque. La noblesse dégénérée se fend d'un sourire carié et maquillé de beurre lorsque son flamboyant monarque se targue de ne s'être baigné qu'une fois dans sa vie. On pisse littéralement de rire devant les frasques du cocu et on défèque sans complexe au théâtre de Molière qui ridiculise le Montespan dans son Amphitryon. Pendant ce temps le Grand Louis XIV, qui selon Le Montespan de Teulé était de fort petite taille à l'image de son organe atrophié, ne faisait pas que remporter de glorieuses victoires. Heureusement, à l'instar des peintres du temps qui savaient si bien maquiller les imperfections de leur modèles, les hagiographes du Roi-soleil savent ignorer ses échecs. Jean Teulé, quant à lui, aime fouiner dans les oubliettes et jusque dans les égouts. Cela, pour notre plus grand plaisir, bien sûr.
 
Du même auteur: "Je, François Villon" (Pocket, 2007, 432 pages), "Ô Verlaine" (Pocket, 2005, 337 pages)...


Imprimé depuis Cafeduweb - Lecture (http://lecture.cafeduweb.com/lire/11135-montespan-jean-teule.html)