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Les bienveillantes - Jonathan Littell

Titre: Les bienveillantes Auteur: Jonathan Littell Editeur: Folio Année: 2008 Pages: 1401

Les romans ne font pas qu'esquisser des destins hors du commun, parfois ils en ont un aussi. Celui de Jonathan Littell, "Les bienveillantes", pèse aussi lourd que son millier de pages.
Tout a commencé en 1989 avec la découverte d'une photo saisissante. Celle de Zoïa Kosmodemianskaïa, une partisane russe pendue par les nazis. Cinq années de recherches minutieuses en Allemagne, en Ukraine et en Pologne puis quatre mois d'écriture en français aboutissent à un pavé sur les horreurs de la seconde guerre mondiale, vues du coté du bourreau. A la rentrée littéraire 2006, c'est le battage éditorial et médiatique, couronné par le Goncourt et le Grand Prix du Roman de l'Académie Française. Des centaines de milliers d'exemplaires sont traduits et vendus. Mais, pour finir, l'oeuvre de Jonathan Littell échoue dans le purgatoire de la critique outre-atlantique. Indigeste ? Édifiant ? Racoleur ? Magistral ? Obscène ? La question finalement n'est pas de savoir si ce livre est bon ou si on peut l'aimer, mais s'il est possible de le lire jusqu'au bout.
 
Le livre se présente comme les mémoires fictives de Maximilien Aue, ex-officier des Einsatzgruppen rescapé de la guerre. Sous un nom d'emprunt, il est devenu directeur d'une fabrique de dentelles dans le nord de la France. Il ne s'agit pas d'une confession ni d'une recherche d'absolution, car le bourreau est un nazi convaincu. D'origine franco-allemande, Maximilien Aue est âgé de 25-30 ans. Loin d'être une brute illettrée, c'est un juriste qui s'enorgueillit d'une passion pour la littérature et la musique classique.
Son récit, qui s'étale de 1941 à 1944, ressemble à un catalogue logistique de l'holocauste en Europe de l'est. La hiérarchie réclame toujours plus de résultats et il lui en fournie volontiers. Aue n'est pas un antisémite paranoïaque, il n'a que le souci de l'efficacité et s'épanche froidement dans cette description de l'industrie de la mort. Ses problèmes intestinaux, ses sentiments incestueux envers sa s?ur jumelle et ses obsessions sexuelles morbides tiennent presque autant de place dans son témoignage. Bref, Maximilien Aue n'inspire qu'horreur et dégout à ce lecteur qu'il invite à ne pas juger. Ce destin peut être celui de tous. C'est du moins ce que prétend le bourreau.
  
Autres lectures proposées : "La Mort est mon métier" de Robert Merle (Folio, 1976, 369 pages) et "Le commandant d'Auschwitz parle" de Rudolf Hoess (Editions La Découverte, 2004, 268 pages).


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