Titre: Les crimes de l'accordéon
Version originale: Accordion Crimes
Auteur: Annie Proulx
Editeur: Le Livre de Poche
Année: 2009 (réédition)
Pages: 637

Historienne de formation, Annie Proulx s'est fait connaître sur le tard mais il ne lui a fallu que quelques livres pour s'imposer comme l'un des meilleurs écrivains américains contemporains. C'est "Brokeback Mountain", adapté au cinéma par Ang Lee, qui l'a révélée au grand public. Depuis, son oeuvre a été couronnée par les prix les plus prestigieux: le Pen/Faulkner Award en 1993 pour "Cartes postales", le National Book Award et le Pulitzer pour "Noeuds et dénouement". Mais ce sont peut-être ses recueils de nouvelles sur le Wyoming qui sont les plus représentatifs de l'oeuvre d'Annie Proulx.
 
"Les crimes de l'accordéon", son troisième roman, est une succession de huit épisodes mettant en scènes des immigrés, tous abusés par le rêve américain, et dont les destins sont liées par la transmission d'un petit accordéon vert. Principal protagoniste du livre, l'instrument de musique traverse cent ans d'histoire américaine et une grande partie du territoire étasunien avant de trouver une fin tragique à l'instar de ses propriétaires successifs. Le premier d'entre-eux, un facteur d'accordéon Sicilien débarqué à la Nouvelle-Orléans, voit ses rêves de fortune tourner court à l'issue d'une rixe anti-Italiens qui le laisse sur le carreau. Hans Beutle, l'immigré allemand du Middle-west qui rachète l'accordéon pour un dollar symbolique, décède à son tour lors d'une opération chirurgicale. L'instrument poursuit son périple, passant de mains en mains et semant le malheur sur son passage. Ainsi le coiffeur, Abelardo Relampago Salazar, terminant sa vie dans la misère la plus noire ou Dolor Gagnon, le Canadien brisé, qui finit par se suicider.
 
Le livre d'Annie Proulx est un bijou d'humour noir. A travers le cheminement de l'accordéon maudit, la romancière revisite l'histoire de son pays, portant quelques coups de canif supplémentaires aux grands fantasmes du melting-pot et du rêve américain.
 
A lire aussi: "Manhattan transfer" de John Dos Passos (Folio, 1973, 507 pages) et "A l'est d'Eden" de John Steinbeck (Le Livre de Poche, 1974, 631 pages)