Humour (+ PLUS)

Prends moi et ouvre moi - Dominique Sentis

Petit traité de philosophie au quotidien. --
Y-t-il plus joli chant de sirène, appel plus séduisant de la part d’un livre que celui que contient ce titre ? Au risque de me faire une nouvelle fois l’avocate du diable , vais je oser dire que je ne suis pas une inconditionnelle de l’humour de Dominique Sentis, même si je ne suis pas sans ignorer qu’il faut le lire au second, sinon au troisième degré.

Bien sûr il me fait sourire, bien sûr l’homme a de l’humour, BEAUCOUP d’humour et de la tendresse pour l’humanité, BEAUCOUP de tendresse, et du cœur aussi, c’est indéniable, sans oublier une intelligence acérée. Cela se sent dans ses haïkus ou dans certaines de ses citations. Et c’est probablement pour cela qu’il m’agace autant à tout tourner en dérision.

On dit de cet Normand qu’il est le digne disciple de Pierre Dac, Michel Audiard, Coluche, Pierre Desproges.

Tout tourner en dérision, toujours et systématiquement finit par gâcher la drôlerie d’un propos ; se retrancher sans arrêt derrière des blagues, c’est fatiguant pour l’audience.

J’en connais des copains qui dès le début d’une soirée se mettent à raconter des blagues, à utiliser le sarcasme comme sujet de conversation préféré, et qui me donnent envie de fuir au bout d’une heure. Chez Sentis, jeux de mots, calembours et contrepétries se multiplient parfois à outrance, peuvent aussi blesser involontairement.

Pourtant il est intéressant ce regard que Dominique Sentis jette sur notre société, sur la politique, la vie quotidienne. Ses amis l’encensent et je les comprends, personne n’aime blesser un ami et je regrette presque ma sincérité, seulement comme je le répète : tout tourner en dérision finit par masquer la nature profonde et foncièrement bonne de quelqu’un de vrai et de gentil.

Balancer des vannes pour minimiser les proportions d’un fait, se moquer peut-être parce qu’on n’a pas envie d’exposer ses sentiments est une façon d’avoir peur des autres, et c’est dommage.

Si mes propos choquent les amis de Dominique, je m’en excuse auprès d’eux car ce n’était pas le but.

Je suis la première à dire qu’il est exact qu’il est important de pouvoir rire de tout et prendre du recul par rapport aux événements, que pratiquer l’autodérision est un signe d’ouverture d’esprit. Se prendre au sérieux est la fin de tout et c’est un piège que nous devons tous éviter.

Il ne faut pas laisser l’ego prendre le pas sur l’intelligence, c’est pour cela que même si je ne suis pas toujours d’accord avec Dominique Sentis, avec son style, même si je trouve que trop souvent il exagère – après tout n’est pas Oscar Wilde qui veut - je conseille vivement de lire son (ses) livre(s).


Imprimé depuis Cafeduweb - Lecture (http://lecture.cafeduweb.com/lire/10462-prends-moi-ouvre-moi-dominique-sentis.html)