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La Femme sacrée - Michel de Grèce

Le roman de la Rani de Jhansi. --
Sous la botte de l’Empire britannique de la reine Victoria, l’Inde va tenter une révolte, connue sous le nom de « Révolte des Cipayes. Au milieu des conflits, une frêle jeune femme, pleine de vie, de force, de passion. Une jeune femme au destin exceptionnel, héroïne nationale brandissant le flambeau d’une liberté qui se terminera dans un bain de sang.

Les Cipayes, soldats indiens au sein de l’armée britannique, étaient traités avec tout le mépris et le racisme dont l’envahisseur britannique était capable ; suspectant que les cartouches contenaient de la graisse animale, soit de vache, soit de porc, mais que ce fût l’un ou l’autre, les Cipayes devaient déchirer les cartouches avec leurs dents, dont absorber un « aliment » défendu par leurs religions (musulmane et hindoue).

A l’époque, la Compagnie britannique des Indes orientales était toute puissante, son but avoué était de distribuer un maximum de dividendes à ses actionnaires. Pour cela, ils exigent la soumission des princes, tels le moghol de Delhi ; par ailleurs lorsqu’un prince meurt sans héritier mâle la Compagnie accaparait purement et simplement son héritage.

85 Cipayes refusent d’obtempérer et d’utiliser les cartouches ce qui leur vaut une condamnation de dix ans de travaux forcés ; le lendemain la révolte gagnera tout le régiment et les insurgés décident de marcher sur Delhi. A leur tête, Nana Sahib, un prince privé de sa pension par les Anglais, parce que prince adopté. Il y a une technique qu’utilisent les oppresseurs du monde entier, à savoir « diviser pour régner » et c’est celle-là même qu’utiliseront les Anglais pour étouffer la révolte. Il y eut évidemment des massacres de part et d’autre, mais les Britanniques firent preuve d’une cruauté sans égale dans la répression de cette insurrection.

Et au milieu de tout cela, Lakshmi Bai, jeune veuve de 18 ans, Rani de Jhansi, va se retrouver au cœur même du conflit car si Lakshmi est aimée par , son cœur a été conquis par un jeune Anglais. Prise entre deux feux, torturée par un amour maudit, la jeune femme va tenter d’éviter des massacres, sans beaucoup de succès hélas, ce qui lui vaudra la haine de tous les Blancs mais aussi d’une partie de ses partisans.

Lakshmi Bai a été doublement trahie par les Anglais – les rois du double jeu. Tout d’abord son petit royaume a été annexé à la mort du Raja, toujours sous le coup de la loi des héritiers mâles, ensuite ils firent d’elle la principale instigatrice de la répression, ce qu’elle ne fut jamais, mais lorsque les Anglais marchèrent sur son petit royaume, elle se battra vaillamment aux côtés de son peuple et à 22 ans, la courageuse petite Rani qui souhaitait tant la paix et la prospérité pour son peuple, mourra.

L’héritage de la haine est toujours le sang et la mort, de quelle époque que l’on soit, sous quels cieux que l’on vive.

Michel de Grèce dont j’avais déjà tellement apprécié le talent de conteur dans « La Nuit du Sérail » offre ici encore un tableau superbe et dramatique d’une époque terrible.

Le lecteur partage les tourments de Lakshmi prise entre deux feux, loyale à son pays, mais le cœur torturé par un amour impossible. Si la partie romancée peut paraître « agaçante » à certains, le fond historique est tout à fait passionnant et véridique. Une fois encore l’auteur nous emporte dans un voyage entre imaginaire et réalité.


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